Dans les entrailles de Potosi
Avant de raconter nos aventures à Potosi, un petit encart général sur le « choc » culturel de notre arrivée en Bolivie. Ce pays est en effet complètement différent du Chili et de l’Argentine. Beaucoup plus pauvre, il est aussi vraiment plus authentique, bien que ce mot ne veuille pas dire grand chose, et dépaysant ! Les villes et villages boliviens ressemblent à des fourmilières. Les rues sont remplies de piétons et de voitures, mais aussi et surtout de stands divers et variés : pain, shampoing, légumes, chaussures, fromage, téléphones portables, jus de fruit,… on trouve de tout dans ces minuscules boutiques ! Idem dans les nombreux marchés, qui « remplacent » les supermarchés. Si on ajoute à cela les tenues traditionnelles des femmes et les ponchos bariolés, ca donne une impression incroyable de vie et d’activité.
Bref, on adore se promener au milieu de tout ça, excepté lorsqu’il faut traverser une rue. Et on profite du faible coût de la vie : on peut à nouveau dormir dans des chambres privées et aller au restaurant (enfin dans les boui-boui) pour un euro !
Revenons à Potosi, et commençons par un peu d’histoire ! Aujourd’hui méconnue des européens, Potosi a été pendant longtemps l’une des villes les plus riches d’Amérique latine. C’est en effet dans une montagne avoisinante que la plus grande mine d’argent du monde a été découverte au 16eme siècle, et dont des quantités colossales ont été extraites au profit de l’Espagne et de l’Europe. Potosí a gardé de très nombreuses traces de cette époque coloniale avec ses ruelles étroites et ses monuments baroques. Très belle ville, elle est inscrite au patrimoine culturel de l’humanité.
Au début du 19ème siècle, la puissance argentifère de Potosí a commencé à décliner. Aujourd’hui, c’est devenu l’une des villes les plus pauvres de Bolivie. L’exploitation des gisements n’est plus vraiment rentable, mais les mineurs continuent d’y travailler, aidés financièrement en partie par l’état et surtout par les touristes !
En effet, quand on visite les mines, il est d’usage d’acheter des « cadeaux » aux mineurs : eau et soda (ca se comprend vu la chaleur à l’intérieur…), feuilles de coca (dans ce pays, c’est une institution : les travailleurs en mâchent toute la journée) ou même dynamite (en vente libre) ! On les distribue ensuite aux travailleurs que l’on croise.
A première vue, visiter des mines où des gens y passent (et y perdent ) leur vie, ca peut paraître assez malsain. Mais en discutant avec les mineurs, on s’est rendu compte qu’ils comptaient vraiment sur le tourisme, tant financièrement que politiquement, pour donner de la publicité à leurs revendications (nombreuses) au gouvernement.
Concernant la visite, on parcourt, parfois en rampant, de longs tunnels étroits.
On descend le long d’échelles dont un barreau sur deux est cassé et dont l’autre ne va pas tarder à l’être.
Et on se jette contre la paroi lorsque l’on entend le bruit d’un wagonnet, en espérant qu’il ne nous écrase pas les pieds, puisque de toute façon, « il ne peut pas s’arrêter une fois lancé, et même s’il le pouvait, il ne le ferait pas pour ne pas perdre de temps ».
Autre difficulté, l’air. Déjà avec l’altitude (plus de 4000m) et le confinement, c’est dur. Mais c’est parfois carrément irrespirable, notamment lorsqu’une explosion vient d’avoir lieu. Expérience vécue qui ne nous a vraiment pas laissés un bon souvenir, entre la poussière et les particules diverses qui « brûlent »les poumons…
On partagera également la tâche de certains travailleurs. Encore une fois, ca nous a semblé au départ un peu pathétique de donner 3 coups de pelles pour « faire comme eux », mais ils avaient l’air d’être content de nous montrer ce que c’était (et de la coca qu’on leur a donné aussi).
A la fin des 2h de visite, on était content d’en ressortir. C’était une très bonne expérience, mais on n’a vraiment pas envie de recommencer.
Heureusement, après l’effort, le réconfort. On essaiera la bière locale et l’un des nombreux gâteaux « flashy » que les boliviens adorent. Bonne surprise, c’est pas si mauvais…